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À quoi s’intéresse la psychologie du sport ? Retrouvez des articles parus dans la presse expliquant ces relations de cause à effet...

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« Être numéro 10 et être réalisateur, il y a des points communs. »

Interview Vianney Lebasque

Du football pour son premier long métrage. C’est le pari que s’est lancé Vianney Lebasque dans Les Petits Princes sorti le 26 juin. Le film évoque le monde des centres de formation mais aussi l’adolescence à travers le personnage de JB qui se rêve footballeur professionnel malgré une malformation cardiaque. Un rêve que beaucoup de jeunes convoitent mais difficile d’accès. Au casting, aucun footballeur pour incarner les espoirs de demain mais des acteurs qui ont suivi une préparation de trois mois pour réaliser les séquences.


“C’est votre premier long métrage, pourquoi le thème du foot et plus particulièrement celui des centres de formation?

J’ai toujours trouvé que seul le côté ridicule de l’univers du foot était mis en avant dans les films et c’est dommage

Le projet est né quand j’ai rencontré mon producteur il y a 5 ans. On a voulu travailler ensemble, on a parlé de différents thèmes dont le football qui n’était pas bien représenté au cinéma ; selon nous il n’y avait pas eu de films réussis sur ce sujet. J’ai toujours trouvé que seul le côté ridicule de l’univers du foot était mis en avant dans les films et c’est dommage car il y a des aspects vertueux. Je ne voulais pas voir le foot de cette manière, c’est pour ça que j’ai fait Les Petits Princes. Le foot m’intéressait à condition de parler des centres de formation car ce sujet n’avait jamais été traité et c’est un thème que je connais. Je souhaitais également éviter les classiques sur l’argent.

On découvre les dérives du foot à travers votre film, y a-t-il une part autobiographique ?

J’ai connu le coté minorité culturelle, comme JB (Paul Bartel), le personnage principal, je venais de la campagne, je suis arrivé dans un univers où la culture urbaine dominait. Même si je n’ai pas souffert des mêmes problèmes que ceux de JB, il y avait ce côté comique de rassembler deux milieux assez opposés, la campagne et la ville et le foot permet cela. Après, l’histoire de JB c’est vraiment de la fiction.

Vous avez joué à un bon niveau plus jeune. Quel était votre poste sur le terrain et pourquoi n’avez-vous pas continué le football ?

J’ai joué en régional, dans des sélections. J’ai notamment été confronté à des jeunes qui venaient de centres de formation. Je jouais 10 ou 9 puis à 16 ans je me suis blessé. J’ai eu une pubalgie et je n’ai jamais pu reprendre…

Dans votre film, on peut voir une relation père-fils compliquée. Quel rôle jouent les parents dans la carrière d’un joueur ?

J’ai la sensation qu’au niveau de la réussite, plus un jeune a une cellule familiale présente et sécurisante, plus la distance peut être facile à gérer. Quand les jeunes entrent en centres de formation, ils ont tous du talent et c’est vraiment le mental qui va faire la différence. C’est aussi le relais des entraineurs car les jeunes sont déracinés de leurs cellules familiales. C’est un peu une deuxième famille en fait. On ne peut pas se substituer à tout.

Justement, dans Les Petits Princes, Eddy Mitchell joue un coach plutôt dur, tandis que son adjoint Reza (Reda Kateb) semble plus proche des joueurs. Reflètent-ils les entraineurs que vous avez côtoyé ?

Le coach qu’interprète Eddy Mitchell ressemble à un entraineur que j’ai eu quand j’étais jeune, c’est une autre école, un côté plus militaire dans l’autorité. Cette méthode ne correspond plus vraiment à la génération d’aujourd’hui. Elle a besoin de plus de proximité et de dialogue. J’aimais le fait qu’il y ait deux méthodes différentes. Laquelle est la meilleure ? Je ne sais pas...

Eddy Mitchell et Reda Kateb
Eddy Mitchell et Reda Kateb

Votre film traite d’un problème cardiaque mais également des fléaux qui touchent le monde du football (les jeunes en centres de formation sont livrés à eux-mêmes...) Avec les enjeux économique et médiatique que génère le football, pensez-vous que les jeunes sont assez protégés face au système ?

Les footballeurs font vraiment rêver, au même niveau que les rock stars d’hier

Aujourd’hui les footballeurs font vraiment rêver, au même niveau que les rock stars d’hier. Prêts à tout pour réussir, les jeunes vivent dans un rêve et prennent des risques. Pour moi, c’est vraiment ça le sujet du film. Cela demande tellement de travail et de sacrifices, si l’on n’est pas motivé par un rêve intérieur extrêmement fort, c’est difficile d’y arriver. Les gamins sont âgés de 16 ans et ont déjà des responsabilités. Certains dès 18 ans gagnent un salaire très élevé. C’est très violent, à l’image de la société où il y a beaucoup d’appelés pour peu d’élus.

Quelles ont été les difficultés lors du tournage des scènes de foot ?

La principale difficulté était le niveau des comédiens. J’ai adoré les pubs Nike. Elles sont très intéressantes et m’ont inspiré. Mais bon, avec Ronaldo ou Ronaldinho, c’est tout de suite beaucoup plus facile de faire des beaux plans (rires). Je suis parti du principe que je pouvais filmer mes acteurs comme je le voulais à partir du moment où ils savent jouer. Ce qui était important c’était d’avoir des comédiens avec un niveau suffisant. Ce ne sont pas des joueurs professionnels donc réussir en une prise à faire quelque chose qui peut paraitre simple prend parfois du temps.

Les acteurs réalisent eux-mêmes les scènes footballistiques, comment s’est déroulé le casting ?

Déjà, on ne peut pas apprendre à jouer à quelqu’un en trois mois. On demandait donc à ce que les comédiens aient déjà joué au foot. Je n’ai fait que des castings de comédie, et quand j’avais la sensation de trouver le bon comédien on avait un entretien. Par exemple avec Paul Bartel, on a été sur un terrain. J’avais un ballon, je l’ai filmé pour voir le rendu avec ses gestes et j’ai fait pareil avec les autres. Je n’ai éliminé aucun acteur par rapport au foot.

Quelle a été la préparation des acteurs pour incarner des jeunes espoirs du football ?

J’ai eu de la chance car beaucoup de comédiens ont joué au foot dans leur enfance. Comme  il y avait des niveaux très différents parmi les comédiens il y a eu une préparation de trois mois. Et des entrainements ciblés, par exemple pour Paul Bartel, qui devait maîtriser trois ou quatre gestes. On s’est focalisé dessus avec l’entraineur de foot pour homogénéiser et réaliser les gestes propres à son personnage.

Paul Bartel
Paul Bartel

Les scènes de foot étaient-elles improvisées ou chorégraphiées ?

Pendant les prises de vue, il y avait des deux. Comme j’assistais à chaque entrainement,  je savais de quoi était capable chaque comédien. Et je pouvais m’adapter en fonction de ça. Vu que je raconte une histoire, il y avait forcément des scènes chorégraphiées. Par exemple, quand JB devait marquer, je le disais aux autres joueurs pour qu’il puisse avoir souvent la balle….

Avez-vous eu des retours de personnalités du monde du football ou du sport en général par rapport au film ?

J’ai montré le film à des jeunes en centres de formation et à des encadrants. Ils m’ont dit qu’ils se reconnaissaient dans le film et que les dialogues ainsi que la vie sur le terrain et en dehors étaient vraiment proches de la réalité. Bernard Diomède et Guy Roux, ont salué le fait que pour la première fois, l’univers du foot était traité de manière réaliste !

Votre film a un rôle pédagogique...

Je voulais vraiment que le grand  public se rende compte du nombre d’étapes que les footballeurs doivent traverser. S’ils s’en sont arrivés là, c’est qu’ils ont fait partie d’une sélection cruelle donc des meilleurs. Des talents il y en a partout, énormément, c’est un chemin extrêmement difficile. Seulement 10% des jeunes en centre de formation signent un contrat pro et ce n’est pas que pour de la Ligue 1… Pour moi, c’était important de parler du foot dans ce qu’il apporte tous les jours, à tous les licenciés et d’oublier la dizaine de joueurs en équipe de France. Pour chaque licencié, le foot apporte une motivation, un cadre de discipline quotidien. Je voulais mettre en valeur ce sport sans être dans un cadre idyllique…

Finalement, y a-t-il un parallèle entre être réalisateur et footballeur ?

Oui il y a un parallèle très présent. Être numéro 10 sur un terrain et être réalisateur,  il y a des points communs. Le capitaine c’est le producteur et celui qui doit organiser le jeu et faire gagner son équipe c’est le réalisateur !"

Votre geste préféré en football ?
J’aime beaucoup regarder Lionel Messi dribbler ; il y a des actions que j’adore, le parallèle entre le but de Maradona en 86 et celui de Messi qui part du milieu de terrain…  

Votre équipe favorite ?
Je suis fan de Marseille mais j’ai été tourner au PSG…Sans commentaires (rires).  

Un film à nous suggérer sur le sport ?
Billy Elliot de Stephen Daldry et Maradona de Kusturica.

Propos recueillis par Valentine Vilarem

 

[ Article original ]