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À quoi s’intéresse la psychologie du sport ? Retrouvez des articles parus dans la presse expliquant ces relations de cause à effet...

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Le mental du shooteur

Interview Angelo Tsagarakis

Au basket, plus qu’un geste, le tir est une arme redoutable, fatale, quand il est maîtrisé. Ilosport a rencontré Angelo Tsagarakis, joueur du S.O.M Boulogne passé par les États-Unis et aujourd’hui considéré comme un des meilleurs artilleurs français. De l’aspect mental en passant à la technique, chaque détail est disséqué, pour comprendre ce qui fait la force d'un shooteur et vous permettre de vous en inspirer. Plongez dans la tête d’un acharné du shoot.


Pouvez-vous me dire ce qui se passe dans la tête d’un shooteur pendant un match ?

Je pars dans l’état d’esprit ne jamais douter. Quoi qu’il arrive. On est humain, le doute peut évidemment s'installer mais moi, j’essaie de le dissiper le plus rapidement possible. Un shooteur ne peut pas se permettre de douter. Le doute vous fera sombrer dans de longues... (Il insiste.) semaines de disette. Il faut donc avoir une confiance inébranlable en soi. Ça fait partie intégrante de l’état d’esprit d’un shooteur. Même après dix échecs, il faut se dire que le onzième tir va rentrer. Quand on est shooteur, il faut avoir l’instinct du tueur. Un gros shooteur est un tueur avant tout.

En plein match, vous arrive-t-il de rechercher les brèches vers vos positions favorites sur le terrain, la petite faille dans la défense adverse ?

Constamment. Je suis toujours à l’affût de pouvoir sanctionner l’adversaire ! C’est une agressivité qui doit être perpétuelle. Avec l’expérience, on définit plus rapidement les mauvais tirs et les moments où il faut enclencher le tir ou faire une passe à l’intérieur mais dans le jeu, il y a toujours cette recherche permanente de la bonne position. On est comme un lion dans la jungle, toujours à l’affût de sa proie sans jamais être rassasié.

Imaginons que vous êtes dans un mauvais soir. Un soir où vous ratez tous vos tirs ? Dans quel état d’esprit êtes-vous et comment vous sortir de cette mauvaise phase ?

Dans ces cas-là, il n’y a pas vraiment de recettes magiques. Si j’ai la possibilité de me remettre en confiance avec des choses plus simples comme un petit lay-up en contre-attaque ou de faire une bonne action comme une passe décisive, je dois le faire. C’est un bon moyen de se remettre en selle et de se sortir d’un cycle négatif pour en entamer un positif. Les soirs où tout va mal, il faut essayer de faire abstraction de l’échec et repenser à tout le travail effectué au quotidien. Ma réponse à une journée difficile au travail et de travailler encore plus dur le jour suivant. Il n’y a qu’à travers le travail que je me mets la tête à l’endroit.

Justement pouvez-vous me parler de la part du mental dans la réussite d’un tir ?

Globalement dans le basket, c’est 70% mental et 30% physique et technique. Malgré tout le travail dans lequel on se plonge quotidiennement, c’est le mental qui dicte le succès. C’est si important que ça. Le mental permet de définir la bonne marche à suivre, de faire les bons choix, de ne jamais douter, de rester agressif, d’être lucide. Dans le sport en général, le mental est particulièrement important.

Avez-vous eu besoin de l’aide d’un coach mental pour votre développement en tant que joueur ?

Jamais. On a tous des personnalités différentes et en ce qui me concerne, la confiance en mes capacités est quelque chose que j’ai eu depuis mon plus jeune âge et que j’ai cultivé au cours de mes expériences, notamment aux Etats-Unis. Cela fait partie de mon trait de caractère donc je n’ai jamais eu recours à une aide extérieure.

Avez-vous l’angoisse de vous réveiller un jour et constater que vous avez perdu votre shoot ? Que se passerait-il si ça arrive ?

Je me mettrais tout simplement de nouveau au travail. Le meilleur moyen de retrouver des sensations est de retourner à la salle et de recréer les sensations. Avec l’expérience, les longues années de basket que j’ai dans les jambes et dans la tête, je sais exactement ce que je dois faire pour me retrouver. Il peut s’agir de retourner avec des bases très simples comme tirer à une main sous le panier en m’éloignant au fur et à mesure. En fait c’est comme si tu reformatais ton disque dur. Tu retournes à la base, tu reprends les choses simples et tu les remets en application. Parfois la mécanique peut être altérée sur un simple détail comme de ne pas pousser sur ses jambes ou de ne pas lever assez le coude. Avec les années, on oublie parfois les bases mais ça ne coûte rien de reprendre tout à la source. Pour ma part, j’aime me souvenir de mes succès passés afin de créer de nouveaux succès à venir.

Propos recueillis par Frédéric Yang

[ Article original ]